LES TENUES TRADITIONNELLES ALGERIENNES - Partie 2. Le Karakou, l'histoire d'un héritage vivant d'Alger.

 


Le Karakou Algérois

Le karakou dépasse sa fonction de simple vêtement traditionnel pour incarner l'élégance et l'histoire de la capitale. La veste traditionnelle des grandes cérémonies, reflète le savoir-faire artisanal et l'identité culturelle algéroise, légués de mère en fille au fil des générations. Selon les historiens, le karakou est un costume traditionnel algérien apparu au 19e siècle et évolution direct de l'ancienne "ghlila", qui est une longue veste traditionnelle algérienne, déjà connu au 15e siècle et que fut influencé par les Berbero-andalous, elle subira diverses évolutions dû aux différentes conquêtes. Son prestige ne se cantonne plus à l'Algérie : aujourd'hi encore, cette tenue attire l'attention des créateurs de mode internationaux, qui puisent dans ses riches détails pour inspirer des collections orientale, tel que Christian Lacroix, Yves Saint Laurent et bien d'autres.


Ghlila

 Le karakou puise ses racines dans la Ghlila, une longue veste trapézoïdale en velours ou brocart, très populaire dès le 15e siècle à Alger. La Ghlila se caractérisait par une encolure en "U" plongeant et des broderies délicates au fil d'or, et pouvait descendre jusqu'aux hanches. Avec le temps, ce modèle à engendré plusieurs dérivés : 

  • La frimla qui est un petit corsage sans manches à en coulure large.
  • La ghlila djabadouli qui est la version hivernale à manches longue.
 
Ghlila, début 19ème siècle


Frimla, année 1800










 
 
 

 Puis arrive la conquête française, les tenues traditionnelles subissent un bouleversement, c'est l'apparition du karakou. Aux 19e siècles,sous l'influence des styles occidentaux et des changements sociétaux, la ghlila djabadouli a été transformée, son décolleté prononcé a été supprimé, affiné à la taille et la coupe modifié, et voici le karakou tel qu'on le connaît aujourd'hui, veste ajustée à la taille et boutonné, aux manches longues et au col moins plongeant. A partir de cette époque, le karakou devient un habit de cérémonie essentiellement porté par les familles aisées d'Alger, et il restera l'une des pièces maîtresses du trousseau nuptial de la mariées algéroises jusqu'à nos jours.


Ghlila Djabadouli

 Le karakou se raréfie au début du 20e siècle, à cause de la baisse du niveau de vie de la population algérienne et de la colonisation. Aujourd'hui c'est un habit traditionnel porté lors des mariages algériens dans tous le territoire national et hors de l'Algérie.

 Le karakou est composé de deux éléments principaux soigneusement assortis, une veste et un pantalon (sarouel).

  • La veste est réalisée en velours (katefa) d'excellente qualité (souvent dans des tons profonds comme le noir, le vert bouteille, bleu roi ou le bordeaux), la veste du karakou est cousue de manière à cintrer la taille. Elle est richement décorée de broderies exécutées en fils métalliques d'or ou d'argent. Ces broderies selon les techniques traditionnelles du medjboud et de la fetla, représentent de petits motifs floraux, géométriques ou stylisés, qui ornent le devant de la veste, les épaules, et les manches jusqu'aux poignets. L'ensemble donne à la veste une allure fastueuse et raffinée, démonstration du savoir-faire exceptionnel des artisans algérois.
  • Le pantalon est généralement un sarouel ample, porté sur une chemise longue ou un qamis. On distingue deux coupes classiques, le sarouel chelka une sorte de jupe-pantalon fendue de chaque côté, très large et confortable. Et le sarouel mdouer, qui est un sarouel plus bouffant et froncé au niveau des hanches. Dans le deux cas, ces pantalons sont confectionnés dans des tissus nobles (soie, satin ou brocart) et peuvent être assortis à la broderie de la veste. Leur ampleur et leur tombé apportent élégance et liberté de mouvement à l'ensemble.
Le karakou ne se porte pas seul, il s'accompagne d'accessoires qui complète la tenue et accentuent son charme :
  • Qamis (chemise en soie) : une longue chemise en soie légère portée sous la veste, souvent brodée sur le col et les manches.
  • Fouta :  jupon ou jupe d'ornement en tissus soyeux glissé sous le sarouel pour donner de la tenue au costume.
  • Ceinture fine : généralement en métal doré ou argenté, elle se place autour de la taille pour souligner la silhouette cintrée du karakou.
  • Bijoux: collier (meskia, kravache), bracelets et boucles d'oreilles traditionnels agrémentent le costume. On trouve aussi le khit errouh, ornement frontal que la mariée fixe sur front pour compléter sa parure nuptiale.
De nos jours, le karakou demeure un élément incontournable des grandes occasions en Algérie, notamment des mariage à Alger et dans les grandes villes du pays. Il symbolise l'élégance et le lien avec le patrimoine culturel algérien, tout en s'adaptant aux goûts modernes. Les créateurs contemporains n'hésitent pas à revisiter le costume, on le voit décliné dans des étoffes plus légères (voile de soie, dentelle) et de couleurs variées, tout en conservant les éléments traditionnels de broderie. Dans la garde-robe de la mariée algéroise, le karakou reste ainsi une pièce maîtresse, célébrée pour sa beauté et son histoire vivante.

Un trésor précieux de l'héritage culturel pour le peuple algérien.












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