LES TENUES TRADITIONNELLES ALGERIENNES - PARTIE 3. La Blouza Oranaise, l'art vestimentaire d'Oran au fil des siècles

 



 La Blouza Oranaise, l'art vestimentaire d'Oran au fil des siècles

 La blouza oranaise, parfois appelée blouza wahrania, est un costume féminin traditionnel emblématique de l'ouest algérien, particulièrement d'Oranie (wilayas d'Oran, Sidi Bel Abbès, etc...). Cette robe longue, apparue à la fin du 19e siècle dans la région d'Oranie (Oran et Tlemcen), mêle harmonieusement héritage local et influences extérieures. Confectionnée dans des étoffes précieuses (velours brodé, soie, satin ou brocart) et richement ornée de perles, broderies et dentelles, la blouza incarne l'élégance et la fierté culturelle des femmes oranaises. Aujourd'hui encore, elle reste une pièce phare du patrimoine vestimentaire algérien,appréciée pour sa valeur historique et sa beauté artistique.

 La blouza tire ses racines d'un ancien vêtement citadin la abaya, qui remonte à l'époque des Zianides. Elle émergea à la fin du 19e siècle dans plusieurs villes de l'ouest Algérien, dont Tlemcen et Oran furent les principaux foyers. Des couturiers tlemcéniens, expert dans le travail de la soie, ont introduit ce style à Oran, où il a évolué sous l'effet des courants vestimentaires venus d'Europe.

L’Unesco confirme cette filiation historique: la bouza mensouj, confectionnée à Tlemcen en soie rayée artisanale dès le fin du 19e siècle, s'est imposée comme une pièce emblématique de l'habit traditionnel oranais.

Au fil du temps, la blouza s'est constamment adaptée aux goûts et aux techniques nouvelles. Avec le temps, les couturières d'Oran ont modernisé la blouza en y ajoutant des ornements tels que les strass, les broderies fines,et des tissus raffinés comme la dentelle de Calais ou la mousseline en plus des traditionnels velours et soie). Parmi les pièces les plus anciennes visibles au musée Zabana d'Oran, on trouve des robes faites de soie brodée, de satin ou de tulle, souvent embellies de volants et de rubans. Elle conservait alors le plastron rigide appelé "sder" de l'abaya, souvent souligné de broderies au fil d'or (bouton-dqora) sur un tissus brocart. 

En 1950, la crinoline faite de plis rigides laisse place à une jupe plissée élastique, facilitant le port au quotidien.

Dans les années 1960-1980, sous l'influence de la mode cosmopolite d'Oran la blouza gagne en éclat, le col de la blouza s'est embelli au fil des décennies, intégrant rubans, perles et paillettes dans sa décoration. Les couturières introduisent alors un travail de perlage et de strass. La blouza devient ainsi un vêtement très morderne, arborant des coloris vif et des décors minutieux dans les soirées festives et les mariages oranais.

Blouza tlemcen 19ème siècle

La blouza oranaise est une longue robe sans manches, ajustée à la taille, doublée d'une jeltita, une fine doublure transparente en dentelle ou mousseline en soie. L'encolure et le dos de la robe sont ornés de perles et de broderies complexes. Son devant, ou plastron, est nommé "sder", et le panneau arrière est connu sous le nom de dhar.

La confection privilégie des matières luxueuses comme le velours brodés de métalliques, la soie satinés, le brocart ou encore la dentelle. Aujourd'hui, la décoration fait également appel aux strass, paillettes et perles modernes, reflet des tendances actuelles. La blouza est traditionnellement ceinturée, par un hzam en or (ceinture en or), ou par une large ceinture en tissu assorti, ce qui affine la taille.

Certaines variantes comportent en outre un plastron brodé sur le devant. La palette de couleurs s'étend du blanc immaculé aux teintes vives et dorées des robes de fête, selon l'usage et l'occasion. Outre la blouza wahrania et la blouza tlemcénienne classique, on distingue par exemple la blousa el mensouj de Tlemcen : Réalisée dans une soie rayée de fil dorés et argentés, cette version de la blouza occupe une place centrale dans les habits de mariage à Tlemcen.

Certaines blouza sont teintées de symbolisme selon la situation : 

  • La blouza el-korsi, richement brodée fil d'or (fetla, medjboud), est réservée à la marié.
  • La  blouza ntaa lawqer "deuil" en soie opaque marron est portée lors des funérailles.
  • La blouza nechfa en ton sépia est destinée à l'année qui suit la perte d'un proche.
Sder

Initialement la blouza était réservée aux femmes mariées et d'un certain âge, la blouza oranaise se décline désormais en versions du quotidien comme en tenues cérémonielles. Les femmes plus âgées portent souvent une blouza simple, unie et claire(souvent blanche) avec un châle assorti, tandis que pour les cérémonies, mariage, fiançailles ou fêtes religieuses, on choisit des modèles richement brodés. Pendant la chedda, cérémonie nuptial oranaise, la mariée porte généralement un gilet court richement orné, connu sous le nom de djabadouli, par-dessus sa blouza.
 
djabadouli
 
La blouza a aussi trouvé sa place dans la culture populaire d'Oran. Elle est souvent portée lors de soirées musicales et folkloriques, des artistes oranaises issues du raï ou du genre wahrani, à l'image de Zahouania ou Sabah Saghira, arborent fréquemment la blouza sur scène. Les groupes de medhates (formations musicales féminines) l'arborent également lors de leurs spectacles. Par sa présence dans la vie quotidienne, festive et artistique, la blouza reflète la vitalité et la créativité des traditions oranaises.


cheikha rimitti
 

Des tenues similaires existent ailleurs en Algérie, sous d'autres appellations régionales, comme la gandoura dans l'est, le binouar autour de Sétif ou la blouza naïli dans les Hautes Plaines. Ces variantes régionales montrent la diffusion et l'adaptation du concept de robe traditionnel sans manches à l'ensemble du pays.

Le caractère unique de la blouza oranaise lui vaut d'être reconnu parmi les trésor du patrimoine Algérien.  En 2012, L’Unesco a inscrit sur la liste du patrimoine de l'humanité les "rites et savoir-faire liés au costume nuptial de Tlemcen" Cet élément patrimonial mentionne spécifiquement la blouza mensouj, une robe en soie rayée de fil dorés dérivée de la blouza tlemcénienne, devenue emblématique du costume traditionnel oranais .

Les couleurs et les motifs des Blouza Oranaise varient considérablement, reflétant la richesse de la culture algérienne. On retrouve des tons vifs et chatoyants, comme le rouge, le bleu et le vert, ainsi que des motifs floraux, géométriques et calligraphiques complexes. Chaque région d'Oranie possède ses propres particularités en matière de broderies et de coupes, ce qui permet de distinguer les Blouza d'une ville à l'autre. L’Unesco note que la blouza mensouj, est "emblématique du costume traditionnel de l'Oranie", elle souligne aussi le rôle du tissage mensouj doré dans la confection du costume de mariage, précisant que cette technique sert notamment à réaliser la robe nuptiale dites "blouza".

De nos jours, des quartiers tels que Mdina Jdida ou le centre d'Oran regroupent des ateliers où l'on continue de reproduire les broderies traditionnelles de la blouza. Il n'est pas rare que des familles oranaises gardent avec soin des blouza anciennes transmises à travers des générations. Véritable symbole d'élégance et d'identité locale, la blouza oranaise illustre la richesse du patrimoine vestimentaire algérien et des traditions artisanales de l'Algérie.



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