LES TENUES TRADITIONNELLES ALGERIENNES - PARTIE 4. La robe Chaoui, emblème de la culture berbère algérienne.

 

La robe chaoui - El mehfa : emblème vivant de l'héritage berbère algérien.

La robe chaoui ou melhfa est un costume féminin traditionnel des Aurès, des massifs montagneux du nord-est de l'Algérie. Il s'agit d'un vêtement emblématique du patrimoine amazigh chaoui, porté historiquement par les femmes lors des grandes occasions. La gandoura et la Melhfa, costumes féminins traditionnels du "Grand Est" algérien, incluant la région des Aurès, ont été inscrites en 2024  au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l’Unesco. Ces tenues sont reconnues pour leur importance lors des mariages, cérémonies et d'autres festivités locales. La robe chaouie est un symbole fort de l'identité culturelle berbère de la région, représentant à la fois un héritage ancestral et une source fierté locale.

Le nom diffère dans chaque région, melhfa, elhaf, el haïk, el dhedda, echtata, akhellel, adil, el houli. Une tenue qui existe depuis des siècles. 

Femme Algérienne chaouia

 La melhfa chaoui plonge ses racines dans les traditions vestimentaires antiques du maghreb arabe. Décrite comme un drapé de type péplum dorien, la melhfa aurésienne rappelle les robes portées en Kabylie ou par les habitantes de l'antiquité berbère. Elle est d'ailleurs traditionnellement de couleur sombre, noir ou indigo, faisant écho aux tissus noirs de la femme aurésiennne d'autrefois. Cette allure solennelle héritée du passée, s'est longtemps perpétuée dans l'Aurès grâce à l'isolement des montagnes. Les femmes chaouies ont peu à peu enrichie ce costume de broderies et d'ornements, mais l'âme du drapée du vêtement reste inchangée depuis des siècles.

La région des Aurès marquait traditionnellement l'arrivée du printemps par des célébrations. Menaa, dans la wilaya de Batna, était particulièrement réputée pour ces cérémonies printaniers, où l'ensemble de la population se parait de vêtements de cérémonie, les femmes se distinguant par leurs elhaf aux couleurs exceptionnellement vives. Ces festivités printanières étaient agrémentées de danses folkloriques traditionnelles. Durant ces danses, une coutume notable impliquait que les femmes touchent délicatement le bord de leur elhaf à leur lèvres. Tandis que la danseuse progressait avec constance, avec un léger mouvement de son torse.


Traditionnellement, la melhfa chaoui est de couleur sombre (noire ou indigo), un fond qui met en valeur les bordures et broderies vives. Les galons et liserés contrastants sont souvent rose, jaune ou vert. Dans la culture berbère, les couleurs revêtent souvent  une symbolique particulière. Par exemple le rouge ou le rose de la tenue nuptiale, est généralement interprété comme un symbole de joie et de prospérité, tandis que le vert ou le jaune sont souvent à la vitalité de la nature. Les motifs brodés sur la robe (losanges, chevrons, étoile, formes florales), appartiennent au répertoire amazigh ancestral et sont censés protéger ou porter chance à la porteuse. Chaque dessin géométrique, hérité du tissage populaire, fait écho aux croyances et à la cosmologie chaouies, liant le vêtement à l'identité culturelle de la communauté.

 

La melhfa chaoui est issu d'un artisanat local sophistiqué. le tissage, la teinture et la couture de la melhfa exigent un savoir-faire transmis de génération en génération. Dans de nombreux villages des Aurès subsistent des ateliers familiaux où l'on enseigne encore la fabrication manuelle du tissu et les techniques de broderie traditionnelles. Le Haut-Atlas chaoui compte également des centres de formation où les jeunes couturières apprennent les gestes du métier. De nos jours, le savoir-faire nécessaire à la confection de la melhfa et à la création de ses ornement se perpétue à travers les traditions familiales et également par le biais d'établissements d'enseignements spécialisés. Ces chaînes d'apprentissage garantissent la survie du costume et de ses décorations typiques dans le temps.

Auparavant c'était une tenue quotidienne, la melhfa s'est progressivement réservé aux cérémonies et fêtes communautaires. Comme le relève l’Unesco, la gandoura et la melhfa sont aujourd'hui portée " à l'occasion de fêtes telles que les mariages, les cérémonies et les festivités nationales et religieuses". La mariée chaoui, en particulier, revêt la melhfa lors du tesdira nuptial, défilant devant les convives dans sa robe richement brodée. Ce costume d'apparat se manifeste aussi lors des célébrations de Yenneyer (nouvel an amazigh) ou des festivals culturels régionaux.

On observe un regain d’intérêt pour la melhfa dans les villes, où elle est réinterprétée avec des étoffes raffinées et des broderies moderne pour les célébrations de mariage, tout en préservant ses caractéristiques traditionnelles. Ce regain de popularité s'accompagne de défilés et d'expositions mettant en valeur le costume chaoui, soulignant son rôle dans l'identité collective. 

La robe chaoui s'accompagne d'une parure riche en bijoux. outre les fibules en argent qui maintiennent la melhfa aux épaules, on porte souvent un h'riz ou aqerran, une chaîne de médaillons accolés qui relie les deux fibules sur la poitrine, parfois remplacé par un gros collier . On porte également un diadème frontal ou des pendentifs sur le front, et une coiffe conique brodée ornée de fil d'or et de pièces de monnaie. A la taille, la ceinture de laine multicolore est enroulée plusieurs fois et termine par des franges. Enfin, la tenue est complétée de bijoux d’argent : boucles d'oreilles pendantes, colliers de perles, bracelets larges et anneaux de cheville, souvent hérités et chargés de symboles familiaux. L'ensemble de ces ornements en métal et en fil contribue à la somptuosité du costume nuptial chaoui.

Tamzalt, Fibules berbère chaoui en argent, Algerie.

De nos jours, la robe chaoui connaît un regain de notoriété en Algérie et à l'étranger. Les couturières algériennes revisitent la melhfa en l'adaptant aux goûts contemporains : soies brodées, incrustations de strass, voiles légers superposés et palette de couleurs étendues (or, turquoise,rose vif), en font un vêtement de mariage moderne tout en restant ancré dans la tradition. Parallèlement son prestige patrimonial est souligné par des événements culturels : expositions de costumes traditionnels, conférences sur le patrimoine aurésien et diffusion médiatique valorisent la melhfa comme héritage. L'inscription de la robe chaoui au patrimoine immatériel de l’Unesco en 2024 a marqué un tournant, stimulant en Algérie un élan de célébration de ce costume à travers diverses initiatives comme la journée du patrimoine, les émissions TV, et des timbres commémoratifs, renforçant ainsi la fierté des chaouias.  Ainsi la robe chaoui continue de représenter, au-delà de son aspect vestimentaire, un emblème de la culture amazigh des Aurès et de l'artisanat algérien dans le monde.

 


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