LES TENUES TRADITIONNELLES ALGERIENNES - PARTIE 10. Chedda de Tlemcen, splendeur d'une tradition ancestrale.

 

La Chedda de Tlemcen : Splendeur impériale et trésor intemporel du patrimoine Algérien.

 Au panthéon des tenues traditionnelles algériennes, la Chedda de Tlemcen trône avec une majesté incontestée. Bien plus qu'un simple vêtement nuptial, elle est l'incarnation d'un héritage historique et artistique foisonnant, le reflet d'une civilisation raffinée qui a marqué la ville de Tlemcen, ancienne capitale du royaume Zianide et vibrant carrefour culturel du Maghreb Arabe. Inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité parl'unescoen2012, la Chedda est une parure d'exception, un chef-d’œuvre de l'artisanat dont la complexité et la symbolique continuent de fasciner.

Les origines de la Chedda se perdent dans les profondeurs de l'histoire Tlemcénienne, intimement liées à l'âge d'or des sultans Zianides (13e - 16e siècles). Il est dit que les princesses de cette dynastie et les femmes de la haute société la revêtaient déjà, affirmant ainsi leur statut et la prospérité du royaume. Certaines traditions suggèrent même une antériorité à l'influence andalouse, témoignant d'un fonds culturel local particulièrement riche, qui a su intégrer et sublimer les apports extérieurs au fil des siècles. Cette tenue a ainsi traversé le temps, se transmettant et s'enrichissant, pour devenir l'apanage emblématique de la mariée de Tlemcen.

 La Chedda de Tlemcen n'est pas une simple robe, mais un ensemble complexe et hiérarchisé pouvant compter jusqu'à 12 éléments distinct, superposés avec un art consommé par une silhouette majestueuse.  Chaque pièce est le fruit d'un savoir-faire spécifique :

La base vestimentaire :

  • R'da : une longue robe ou jupe ample, souvent confectionnée en "mensoudj", un tissu de soie rayé traditionnellement tissé à la main, constitue la première couche.
  • Fouta et ceinture : une "fouta" (drapé)  et une large ceinture , également en "mensoudj", viennent structurer la silhouette par-dessus le "R'da".

Le Caftan, pièce maitresse :

  • Un caftan court, s'arrêtant généralement aux genoux, est superposé. Il est traditionnellement confectionné en velours de Gênes, une matière noble et chatoyante, et se distingue par ses broderies. Celles-ci sont entièrement réalisées à la main avec des fils d'or (connus sous le nom de "fetla" et " medjboud") et/ou d'argent, dessinant des motifs floraux, géométriques ou calligraphiques d'une finesse exquise.

La coiffe conique, le Tedj (couronne) :

  • La tête est surmonte d'une coiffe conique imposant appelé "Tedj" ou parfois "Chéchia Tlemcenia". Cette structure rigide, recouverte de velours brodé de fil d'or ou d'argent, est un élément central de la parure.
  • Elle est ornée de 7 à 9 diadèmes frontaux étagés, les "Jbayen" ou "Jbin", souvent sertis de pierres précieuses ou semi-précieuses.
  • Un foulard de "mensoudj", le "Mendil", est drapé avec art autour du "tedj", retombant sur les épaules et le dos.
  • Une "tahwika", voile carré en mousseline délicate, souvent brodé et parsemé de perles, peut recouvrir l'ensemble de la coiffe ou le visage de la mariée à certains moments de la cérémonie.

 Les manches amovibles : 

  • Des manches richement brodées , les "Kmem", peuvent être ajouté ses ou portées séparément.

Les bijoux, une cascade d'or et de perles : La Chedda est littéralement submergée de bijoux en or et de perles de culture.Parmi les colliers traditionnels les plus emblématiques , on trouve :

  • Le Zerrouf ou (skhab) : Imposant collier pectoral.
  • Le Khit errouh (fil de l'âme) : fin bijoux frontal avec un pendentif au centre ornant le front.
Zerrouf ou khit errouh
  • La Meskia : Long collier avec un pendentif en forme de poire.
  • Le Graffache boulahya : imposant collier en or, il peut être à une tête, 2 ou 3 têtes.
  • Divers autres colliers en or, empilés pour créer un effet de richesse et de profusion (tel que la "khamsa" (main de Fatma).
  • Boucles d'oreille pendantes en perles, les "Khorsa Qammarat", complète cette parure éblouissante.
Meskia


Graffache Boulahya


Zerrouf ou khit errouh

 

Khamsa

 Pesant parfois plusieurs kilogrammes en raison de superposition des étoffes, des broderies métalliques et de l'abondance des bijoux, la Chedda est un véritable défi à porter. Pourtant, ce poid est assumé avec une immense fierté, car chaque élément est chargé de symboles. La tenue dans son ensemble évoque la pureté de la mariée, la richesse et le statut social de sa famille, ainsi que la prospérité souhaitée pour le nouveau foyer. Les couleurs, les motifs brodés et les types de bijoux peuvent également véhiculer des significations spécifiques liées à la protection, à la fertilité et à la continuité des traditions. 


La confection d'une Chedda est un processus méticuleux et de longue haleine, qui mobilise une chaîne d'artisans hautement qualifiés, tisserands pour le mensoudj, couturiers pour l'assemblage, mais surtout des brodeurs (terrazin) maîtres dans l'art du fil d'or, et des bijoutiers. Ces savoir-faire ancestraux, transmis de génération en génération, souvent au sein des familles, sont la clé de la beauté et de authenticité de chaque Chedda. Chaque robe est une pièce unique, un témoignage vivant de la virtuosité des artisans tlemcéniens.

Loin d'être une réplique du passé, la Chedda de Tlemcen demeure un élément central des mariages dans la région et bien au-delà. Elle est la pièce maîtresse de la Tasdira, la  cérémonie durant laquelle la mariée se présente à ses invités dans différentes tenues traditionnelles. Son inscription par l’Unesco a renforcé la prise de conscience de sa valeur et encouragé les efforts pour la préservation de ses techniques de fabrication et la promotion de cet art. 

En conclusion, la Chedda de Tlemcen est bien plus qu'une somptueuse robe de mariée. Elle est un livre d'histoire à ciel ouvert, un concentré d'art et de symboles, un pont entre le passé glorieux de Tlemcen et son présent vibrant. Chaque fil d'or, chaque perle, chaque motif brodé raconte une histoire de beauté, de tradition et d'identité, faisant de cette parure un joyau inestimable du patrimoine culturel algérien. La Chedda de Tlemcen est inscrite depuis 2012 à l'UNESCO, au patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

 

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